« Musilac avait ployé le genou face au contexte économique engendré par le Covid, c’était donc dans une ambiance un peu électrique qu’augurait le festival indépendant promu par Rémi Perrier ». 

Le risque d’avoir une line-up d’adieu était grand, mais le public, les artistes et les soutiens financiers en ont décidés autrement. Après deux années d’annulation (2020 / 2021), le festival revenait avec une programmation attrayante et éclectique, pour autant, le nombre de festivaliers était en deçà des éditions précédentes. Même si on ne parle que d’une perte d’environ 10 000 personnes, il est important de mentionner les pertes économiques qu’on causé la situation du Covid amenant le festival dans une position très dangereuse voir au bord de l’extinction. Cette édition 2023 se devait être décisive, une angoisse pour les habitués de voir disparaitre l’un des derniers festivals indépendants français. Pour la bonne réalisation de cette édition, la région a apporté son soutien. La ville d’Aix-Les-Bains, le public et les artistes se sont tous mobilisés pour faire de ces 4 jours, un moment suspendu.

Petites informations nécessaires quant à Musilac 2023 :

Premièrement il est important de le préciser, pour ceux qui ne le savent pas, que le festival prend place à côté du lac d’Aix-Les-Bains, cadre idyllique me direz-vous, alors oui sans aucun doute ; Pour autant, si vous venez en voiture jusqu’au festival, je vous conseille de vous garer sur les parkings correspondants, pourquoi ?

Et bien pour deux raisons. La première, la ville ferme des voies pour canaliser le trafic, donc, vous aurez du mal à vous faire une place. Deuxièmement, comme tout festival de grande envergure, l’organisation est calculée pour recevoir les festivaliers dans les meilleures conditions : Campings, Navettes et Parkings. Tout a été fait pour vous éviter de consommer bêtement du carburant et de profiter au maximum du spectacle !

On a testé pour vous, comme des braves, la voiture et la marche à pied, ce n’était pas le combo idéal. L’année prochaine, on prend les navettes !

L’arrivée sur le site et son environnement :

Pass et informations récupérés, place au festival, bain de foule gratuit dès le premier jour, c’est galvanisant. Les gens ont le sourire, ils rigolent, discutent, vivent à l’unisson avec l’atmosphère ambiante.

Pour vous décrire l’organisation du lieu, quoi de mieux qu’un petit plan :

Plutôt conséquent comme espace de vie et pourtant c’est assez agréable car on ne voit pas le temps passer en se baladant. Les trois scènes ont étés placés assez intelligemment. Les deux main stages qui recevront toutes les têtes d’affiche en rythme alterné et la scène Korner qui recevait, en première partie de programmation, les artistes issus du tremplin. Et, arrivée l’heure de clôture des journées respectives, les têtes d’affiche prévues pour la closing. La scène Korner était un passage obligé pour quiconque souhaitait quitter le festival, autant vous dire que grâce aux artistes présents chaque jour, elle eut un taux de rétention assez élevé en nous comptant aussi dans la longue liste des spectateurs curieux.

Profitons de cette explication de l’environnement du festival pour mettre en avant son accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Des rampes, des wc, des gilets à vibrations pour retranscrire la musique, des espaces pour profiter des concerts ainsi que des coins de bars / restaurants ont été mis en place pour faciliter au mieux l’expérience d’une personne handicapée durant le festival.

Concernant la restauration et les rafraichissements, de nombreuses enseignes ont été conviées pour l’occasion. Il y’en avait pour tous les goûts mais aussi des glaces, jus de fruits maison pour pallier à la chaleur.
En parlant de température, j’aimerais une nouvelle fois, féliciter l’organisation car contrairement aux Ardentes 2023, l’eau était fraiche et potable, des bénévoles se frayaient un chemin dans le public avec des bonbonnes pour distribuer de l’eau afin d’éviter la déshydratation. Un autre point important, la sécurité et les premiers secours réactifs qui ont permis d’éviter des fins prématurées pour certains festivaliers.


Jours 1 & 2, pas de détours possibles, nous sommes ici pour célébrer le son !

Désormais passons à ce qui nous rassemble tous ici, la musique. Pour l’anecdote, cette programmation était quelque peu exceptionnelle, je retrouvais des artistes avec qui j’avais déjà collaboré, donc cette édition a été avant tout sous le signe des retrouvailles. Que ce soit le premier comme le second jour, les artistes ont multiplié les performances pour le plus grand bonheur des festivaliers.

D’ailleurs un autre petit fait amusant, durant ces 4 jours, on constate différentes communautés venues pour leurs artistes préférés. D’ordinaire ce n’est pas aussi marqué, mais c’est le signe que la programmation éclectique a donné envie à des spectateurs non habitués aux festivals de venir prendre le temps de voir évoluer leurs artistes favoris.

Car oui, on a pu voir un public s’étalant sur plusieurs générations et ça c’est rafraichissant dans un festival ! Donc si vous souhaitez emmener mamie faire du slam sur un concert, n’hésitez plus, Musilac c’est l’endroit qui s’y prête.

Mise en avant des performances artistiques qui nous ont marquées :

  • Inhaler : Alors. Je ne connaissais pas le groupe avant mon arrivé sur site. Pour un fan de U2 c’est plutôt cocasse me direz-vous ! Eh bien oui, la claque je l’ai prise durant leur live. Lors des premières notes, j’ai eu un choc, abasourdi par la ressemblance avec l’un de mes groupes favoris. Et bien, c’est tout à fait normal.
    Après renseignement, le chanteur Elijah Hewson n’est autre que le fils de Bono (Chanteur de U2) et le groupe irlandais porte l’héritage de ce groupe mythique. Belle découverte, Inhaler est un groupe à suivre dans son futur développement.  
  • Artic Monkeys : Alex Turner, Jamie Cook, Nick O’Malley, Matt Helders, ce groupe on le connait bien puisque pour beaucoup il a bercé notre adolescence avec le titre « Fluorescent Adolescent ». Mais en 16 ans le groupe a eu le temps de plier d’autres classiques. Show à l’américaine, Artic Monkeys se présentait dans une atmosphère des 70’s, Alex Turner en crooner. Succession de tubes, alternance avec des ballades issues du dernier album, public séduit, performance millimétrée, succès au rendez-vous, c’était obligatoire. 
  • Vitalic : Vitalic c’est avant tout un cv électronique énorme que tout le monde ne connait pas parfaitement mais « Poison Lips » ça parle à plusieurs générations, normalement. Toujours pas, bon, allez écouter l’album « Voyager » de 2017 car le producteur français est un puriste des mélodies. En live c’est un set bien punchy, énergique et on a clairement senti que l’artiste prenait un délicieux plaisir à envoyer des fréquences tantôt brutes tantôt bien travaillées au public. Tout détail avait son importance et le public l’avait bien compris, du partage né l’affection. 
  • Hyphen Hyphen : Quel plaisir de retrouver le groupe niçois au top de sa forme. Hyphen Hyphen nous a prodigué un live convaincant et plein de promesses pour l’avenir. En total communion avec le public, on a pu profiter de toute la splendeur vocale de Santa qui prend encore plus d’ampleur lors des chœurs formés avec Puss & Line. Beaucoup d’interactions avec le public comme un gigantesque 1, 2, 3 soleil, on sent que le trio prend énormément de plaisir à revenir sur scène et cela ne peut que produire un échange hors du temps avec les spectateurs. Belle performance, encore une fois très heureux de voir Hyphen Hyphen revenir sur le devant de la scène.
https://youtu.be/fkQiZ6v6su0
copyright : arteconcert
  • The Hu : Le groupe de métal mongol est en train de faire sensation en Europe et en France. Après le Hellfest 2023, c’est les spectateurs de Musilac qui ont eu le droit de découvrir le chant de gorge (Khöömii) si particulier et qui fait la spécificité du groupe. On ne peut rester insensible devant la proposition de ce groupe et ça le programmateur de Musilac l’avait bien compris. Comme au Hellfest, The Hu a fait sensation soutenu par la fanbase de Gojira qui s’est régalée devant leur show.
  • Gojira : On tient notre climax de ces jours 1 & 2, une scène incroyable s’est produite durant la performance du groupe de métal français. Arrivé avec une production spectaculaire, les lights éclataient (dans tous les sens du terme) au rythme du groupe en propulsant les spectateurs dans une sorte de transe en communion avec nos métalleux bien-aimés. Quand soudain, pouf ! Les lumières s’éteignent en plein milieu du concert, petit regard autour de soi, le reste du festival est allumé. Petit incident technique qui loin d’échauder les spectateurs, a provoqué une scène exceptionnelle : Le public a tout bonnement décidé de produire ses propres lights le temps d’un morceau. Foule en liesse, membres du groupe en extase, performance XXL, un bonheur de retrouver Gojira dans cette atmosphère.
  • Shaka Ponk : Les ayants vu plusieurs fois ces dernières années, je n’ai pas encore été déçu par le groupe français. Même recette, avec toujours plus d’énergie et un public en grande forme pour un live de qualité. C’est malheureusement une tournée d’adieu que met en place Shaka Ponk, c’est triste, un groupe de cette envergure qui quitte le paysage n’est jamais une bonne chose. Alors certes on en prend plein les yeux et les oreilles, on est donc forcément satisfait de les voir (précipitez-vous sur leurs dates si ce n’est pas déjà fait !) mais cela laisse un petit goût amer. Quoiqu’il en soit, félicitations à ce groupe qui n’a jamais baissé les bras et ne s’est pas transfiguré pour « s’adapter au marché », merci pour tout.  
  • Fakear : J’étais heureux de retrouver Fakear, on a lien particulier entre l’artiste et le magazine. C’est un peu comme notre petit protégé, et pourtant, le revoir avec autant de maturité nous a fait un bien fou. C’est un producteur transfiguré que nous avons recroisé, une direction musicale affirmée, un retour aux sources peaufiné qui provoque donc sur scène une sensation de bien-être. Fakear revient fort et compte le prouver avec son nouvel album « Talisman ». 

Jours 3 & 4, l’avènement d’une programmation bien réfléchie.

Pourquoi choisir ce terme ? Tout simplement car il faut féliciter la line-up choisie par l’équipe de Musilac puisqu’elle a fait sensation durant ces 4 jours autant sur la scène Korner que sur les main stages.

Avant de continuer la sélection des groupes / artistes qui ont retenu notre attention, on tient quand même à spécifier que ce n’est pas parce que l’on ne parle pas des performances artistiques des non cités, qu’elles ont étés catastrophiques. Bien au contraire, s’il y avait eu des calamités ou des shows pittoresques, vous l’auriez lu dans une catégorie « terrible expérience ». Donc big up aux autres artistes de la line up, vous nous avez pour le moment épargné une séquence de « tir au pigeon ».

  • Coach Party : Aussi percutant et pertinent en live que lorsqu’ils interviennent en interview. Un groupe qui a un potentiel concret, qui monte en puissance et qui a des idées très claires. C’était une très belle découverte et j’ai hâte de vous présenter l’interview qui colle parfaitement à l’image du groupe. Coach Party à Musilac c’est une grande bouffée d’air frais qui nous surcharge de par leur énergie sur scène.
  • Indochine : C’est une confirmation, après avoir entendu beaucoup de bien de leurs lives, oui, le groupe envoie sur scène. Parmi les artistes préférés des français, Indochine s’impose comme un groupe à ne pas rater lors d’une représentation. Le nombre de tubes, la communion avec le public ainsi que la scénographie / production magnifique, on est conquis. 51 ans de carrière et c’est bien parti pour continuer, tant mieux, on ne s’en plaindra pas. 
  • Walter Astral : L’autre pépite de ce festival c’est bien le duo Walter Astral. Avec une alchimie travaillée, une direction électronique épurée et une voix suave hypnotique, le jeune groupe français a su conquérir la scène Korner et réaliser un closing plus que parfait en retenant le public jusqu’à la fin. Belle découverte suivie d’une interview, Walter Astral a réussi la belle performance de tenir en haleine des spectateurs qui ne les connaissait pas pour la plupart.
  • Phoenix : Notre coup de cœur chez Riptide. Cela ne changera pas, ce groupe français mythique est toujours un plaisir à voir en live. Par leur scénographie comme la voix de Thomas qui nous transporte tout au long de la performance, Phoenix s’impose toujours comme un groupe capable de distribuer un moment convivial aux fans venus s’agglutiner. Avec 24 ans de carrière, on s’émerveille toujours des riffs chaleureux, des mélodies
    lumineuses et du côté rayonnant de la production du groupe versaillais.
  • Selah Sue : Selah Sue, c’est mon coup de cœur personnel, je passe toujours un moment plaisant à voir cette artiste performer. Comme à chaque fois, l’artiste rayonne sur scène offrant une des ondes chaleureuses au public. Venue avec en production complète, ses chœurs et musiciens permettent de créer encore plus d’envergure à la voix suave. Elle arrive toujours à transmettre la passion et le plaisir qu’elle prend sur scène aux spectateurs et encore une fois, cette représentation n’a pas dérogé à la règle.

Que retient-on de Musilac 2023 ?

Avec plus de 110 000 festivaliers sur cette édition, Musilac n’a pas que sauvé sa peau, le festival a prouvé qu’il continuait de plaire. Encore une fois, chapeau bas aux bénévoles, organisateurs, secouristes, sécurité, aux artistes et surtout au public ! Musilac convient à la fois aux familles, fan de musique, personnes handicapés et aux curieux non-habitués des festivals.